Certains spécialistes alarmistes prédisent déjà que l’intelligence artificielle aura remplacé la quasi-totalité des emplois d’ici 2050, ceux requérant le moins de compétences devraient être en tête de liste. Plutôt que de faire un énième article sur ces métiers, DataXcentric a décidé de s’intéresser à 5 métiers à forte valeur ajoutée mais qui risquent, si ce n’est de disparaître, au moins de subir des changements radicaux.
Avocat
La digitalisation du droit est un des secteurs où l’intelligence artificielle risque le plus de bouleverser la donne. Jusqu’encore récemment, c’étaient les jeunes diplômés qui s’occupaient de fouiller dans les dossiers et de fournir aux avocats séniors les informations susceptibles d’influencer la décision des juges. Mais de plus en plus, ce sont des programmes d’intelligence artificielle qui prennent le relais. Depuis 2016, le célèbre cabinet américain BakerHostetler (et ses neuf cents avocats) utilise la puissance de Ross basé sur la technologie Watson d’IBM pour effectuer cette tâche. Il donne des réponses argumentées et très pertinentes aux questions posées par les avocats en se servant de toute la documentation mise à sa disposition, que ce soit des études de cas, des jurisprudences ou des textes de loi.
L’IA Case Cruncher Alpha, qui était à la base conçue comme un chatbot censé répondre à des questions juridiques, s’est progressivement transformée en une intelligence artificielle qui a battu une équipe composée de 100 grands avocats du barreau londonien. La compétition consistait à déterminer si des réclamations étaient recevables en comparant des éléments de base concernant des cas de ventes abusives. C’est finalement Case Cruncher qui a gagné avec un taux d’exactitude de 86 % contre seulement 66 % pour les avocats.
JP Morgan a chargé des développeurs de concevoir un logiciel qui permettra à terme de réaliser en quelques secondes un ensemble de tâches qui auraient pris 360 000 heures à des avocats. Autre exemple avec la legaltech californienne Atrium, dont les employés se divisent entre avocats et développeurs. Elle a été créée pour développer un outil d’intelligence artificielle pouvant jouer le rôle d’avocat et a bien été enregistrée en tant que cabinet d’avocat.
On est encore loin de voir ce métier complètement remplacé par des logiciels d’intelligence artificielle, surtout en ce qui concerne la plaidoirie. Mais il est déjà certain que pour l’analyse de cas et des éléments du dossier, cela représente déjà une force supplémentaire qui risque de changer à moyen terme le fonctionnement des cabinets et le cœur du métier d’avocat.
L’intelligence artificielle dans la médecine
Dans la plupart des cas, on estime que l’IA ne pourra pas se substituer à un médecin généraliste ou spécialisé et que rien ne saurait remplacer le lien médecin-patient. Mais l’intelligence artificielle aura incontestablement un rôle important à jouer dans de nombreuses tâches : recherche, diagnostic, prévention, traitement…
Les radiologues devraient être parmi les premiers métiers du secteur de la médecine à être impactés par l’intelligence artificielle. Grâce au Big Data et au deep learning, l’intelligence artificielle devrait grandement améliorer l’analyse de l’imagerie médicale et établir de meilleurs diagnostics que les radiologues. C’est ainsi que l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, a adopté la plateforme iBiopsy pour l’aider à détecter des cancers en analysant les images médicales.
L’application de la robotique en chirurgie n’a cessé de croître depuis ses débuts dans les années 1980. En revanche, l’intégration de l’intelligence artificielle dans ce secteur est encore relativement récente. Suturer – ou le processus de couture d’une plaie ouverte ou d’une incision – est une partie importante de la chirurgie, mais peut aussi être un aspect long du processus. L’automatisation peut potentiellement réduire la durée des interventions chirurgicales et la fatigue du chirurgien.
Cela peut être particulièrement important dans la télémédecine ou à distance, où tout décalage entre les commandes chirurgicales humaines et les réponses des robots peut présenter des complications. C’est ainsi qu’en 2016, le robot Star a effectué des opérations en toute autonomie. Celui-ci dépasse les capacités des chirurgiens humains dans certaines opérations, notamment dans la suture de tissus mous.
Développeurs
Il est clair que toutes les parties du travail d’un développeur ne pourront être prises en charge par une IA. Par exemple, analyser les besoins d’un client après un rendez-vous et les traduire en cahier des charges opérationnels risquent d’être encore pendant un bout de temps l’apanage de développeurs humains. De même la créativité du codeur est une de ses forces pour trouver des solutions. En revanche, il est tout aussi évident qu’un certain nombre de tâches va pouvoir être rapidement automatisé et que des logiciels d’IA sont d’ores et déjà à même coder des pans entiers de sites et autres.
Les chercheurs de Microsoft et de l’université de Cambridge ont développé une intelligence artificielle capable d’écrire du code. L’IA s’appelle DeepCoder et a la capacité d’apprendre. DeepCoder peut écrire du code de travail après une recherche dans une énorme base de données de code. Il essaie de faire le meilleur arrangement possible pour les fragments de code récoltés et améliore son efficacité au fil du temps. Cela ne signifie pas que l’IA vole du code, ou le copie-colle à partir d’un logiciel existant, ou recherche des solutions sur Internet.
Mais derrière, il faudra bien des développeurs humains pour vérifier ce travail et d’autres pour programmer ces intelligences artificielles. Le métier a donc de grandes chances de perdurer mais aussi de subir une évolution importante pour devenir un métier plus créatif et moins rébarbatif grâce à l’IA.
Astronaute
La Chine, la Russie comme la Nasa développent des robots intelligents qui seront bientôt capables de remplacer nos cosmonautes. Même si l’aide d’un technicien sera encore nécessaire dans un premier temps, ces robonautes sont prévus pour pouvoir effectuer à terme des missions en toute autonomie, notamment celles visant l’exploration de la Lune et de Mars.
Thomas Pesquier fera peut-être partie des derniers français à avoir visité l’ISS, la station spatiale internationale. Airbus, en coopération avec IBM, développe CIMON (Crew Interactive MObile CompanioN), un assistant pour les astronautes basé sur l’IA pour l’administration spatiale. De la taille d’une médecine-ball et pesant environ 5 kg, cette orbe flottante sera testée sur l’ISS par Alexander Gerst lors de la mission Horizons de l’Agence spatiale européenne entre juin et octobre 2018.
Et vous, pensez-vous que votre emploi sera à terme menacé par l’IA ? N’hésitez pas à nous laisser un commentaire pour nous dire comment vous envisagez l’avenir de votre profession.
