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A bloc

La blockchain est sur toutes les lèvres et si beaucoup semblent lui promettre un avenir radieux qui pourrait bouleverser nos échanges en profondeur, d’autres s’en méfient comme de la peste, l’associant aux hackers et au Dark Web. Pour se forger une opinion sur ce sujet vaste et complexe, encore faut-il comprendre les rouages du mécanisme et les applications possibles.

Petit exercice de vulgarisation

En schématisant, disons qu’une blockchain publique est un grand livre de compte que tout un chacun peut consulter et même sauvegarder sur son ordinateur. C’est dans ce sens qu’on dit qu’elle est distribuée. Sur ce registre sont notées toutes les transactions passées, qui sont regroupées dans des blocs successifs. Dès qu’un bloc est validé, il vient s’ajouter à la chaîne existante et le travailleur qui a permis sa validation est récompensé par des tokens (jetons).

Ce bloc se voit ensuite attribué un « code » par fonction de hachage établi par un algorithme incluant toutes les données présentes dans le bloc. Si jamais la moindre altération était apportée aux données de ce bloc, ce code ne serait plus valable et serait remplacé par un autre. En cas de suspicion de fraude sur une transaction, il suffira donc de consulter le bloc concerné et de vérifier si le code est toujours le même. La blockchain étant en open source, elle offre une totale transparence et fiabilité.

Quels avantages ?

Ce haut niveau de sécurité et le fonctionnement sans organe de contrôle centralisé constituent deux des atouts majeurs d’une blockchain publique. En effet, comme toutes les décisions relatives à une modification de la blockchain doivent être prises par consensus, cela crée un climat de confiance entre les utilisateurs d’une même blockchain.

Cette architecture offre aussi la possibilité de réaliser des économies non négligeables en écartant les intermédiaires et en optimisant la gestion du traitement de la donnée. Selon une étude d’Accenture, son utilisation permettrait une réduction de 30 % en moyenne des coûts d’infrastructure pour huit des dix plus grandes banques d’investissement du monde. Enfin, ses adeptes manquent rarement l’occasion de rappeler son caractère anonyme et rapide.

Blockchain = Bitcoin ?

Pas tout à fait. La blockchain et le bitcoin sont souvent associés mais ils sont en fait interdépendants. Le bitcoin n’existe que grâce à la blockchain mais initialement la blockchain n’a existé que pour et par le bitcoin. En effet, le modèle de blockchain originel a été imaginé pour créer une crytomonnaie fiable et pérenne, qui s’échangerait sans intermédiaire ni régulateur.

Des utilisations à la chaîne

Le grand nombre d’acteurs (start-up comme multinationales) qui s’intéressent à la blockchain et investissent d’ores et déjà dessus plaide en faveur de son potentiel. Pourtant, des doutes subsistent encore sur une utilisation généralisée à l’échelle mondiale comme certains aiment à l’imaginer. En attendant d’y voir plus clair, détaillons les principaux types d’utilisations qui semblent se dessiner.

Comme nous l’avons vu, elle peut faire office de registre numérique infalsifiable et répondre à des besoins de traçabilité et de certification. On imagine son développement dans des domaines tels que la propriété intellectuelle, l’alimentation, l’art, la création, les documents légaux…

 

Le transfert d’actif reste l’usage le plus répandu de la blockchain et c’est celui que l’on retrouve dans le principe des cryptomonnaies. Dans les pays en développement, le transfert d’argent est un enjeu majeur et la blockchain peut représenter une solutions plus rapide et économique.

 

Dans un futur proche, on pourrait aussi voir d’autres types d’échanges sur la blockchain. Certains réfléchissent à des systèmes de vote, d’autres pensent au transfert de titre de propriété et les plus enthousiastes rêvent d’un avenir où quasiment tout pourra s’échanger via la blockchain.

Last but not least, sur lesquels de nombreux espoirs sont placés, le smart contract. L’idée d’un contrat automatique et intelligent n’est pas neuve puisqu’elle a été théorisée par le précurseur du bitcoin Nick Szabo dès les années quatre-vingt-dix. Mais la blockchain pourrait s’avérer être la technologie parfaite pour la mettre en œuvre à grande échelle.

Concrètement, les termes du contrat sont « fixés » à une blockchain et quand les obligations contractuelles sont remplies par l’une des parties, les autres s’exécutent automatiquement. Les applications sont immenses (prêt, location, système d’indemnisation pour les assurances) et les avantages nombreux : précision des conditions d’exécution, transparence, réduction du risque d’erreur, économie avec la disparition du tiers de confiance…

Blockchain privée : négation du concept ou exploitation optimale ?

Quand on parle de blockchain, on fait généralement référence à une blockchain publique comme celle du bitcoin. Il faut cependant noter que le potentiel de la blockchain intéresse de grands groupes, notamment des institutions financières et des assurances (comme nous le verrons dans un chapitre à venir). Celles-ci sont principalement freinées par l’aspect public et transparent, qui s’accorde difficilement avec la confidentialité requise dans leurs métiers. C’est pour résoudre ce paradigme qu’est apparue le concept de blockchain privée.

Une blockchain privée fonctionne avec un organe de régulation central, ce qui peut sembler trahir le principe intrinsèque de la blockchain mais prend en fait tout son sens dans le cas d’institutions financières souhaitant tirer profit des bénéfices de cette technologie sans voir leurs données rendues publiques.

Une approche hybride, qu’on appelle consortium, a également vu le jour pour profiter des bienfaits de la blockchain en évitant le risque d’un contrôle unilatéral. Il s’agit dans ce cas de regrouper différents acteurs sélectionnés en conservant le principe du consensus (51 %) obligatoire pour modifier des éléments relatifs à la blockchain sans toutefois la rendre publique.

L’architecture révolutionnaire de la blockchain, en libre-service sur Internet depuis 2009, a inspiré bien d’autres génies depuis et ouvert de nouvelles perspectives. L’histoire n’en est qu’à son début !

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