Objet de tous les fantasmes, l’intelligence artificielle va faire disparaître certains emplois et transformer notre rapport au travail. Mais cette technologie est surtout synonyme de développement économique. Une véritable révolution à laquelle les entreprises vont devoir se préparer.
L’intelligence artificielle (IA) s’invite partout, de nos maisons à nos voitures (via des capteurs et des assistants personnels), en passant par nos appareils mobiles (assistants vocaux et reconnaissance faciale) et nos objets connectés (enceintes, bracelets ou drones). Grâce à la récolte de données et des algorithmes toujours plus puissants, les machines sont désormais capables d’effectuer des tâches à notre place et même de s’adapter à nos gouts et habitudes (pour trouver une adresse ou choisir une musique).
Il en va de même dans les entreprises, qui utilisent l’IA pour proposer des services innovants et adaptés à chaque client (via les chatbots). Et ça n’est qu’un début. Alors faut-il craindre une destruction massive d’emplois au profit de processus automatisés ? Quels sont les métiers menacés ? Nous nous sommes basés sur des études et tendances afin de trouver un début de réponse.
Un impact globalement positif de l’intelligence artificielle
En 2013, certains rapports, très alarmistes, évoquaient la destruction nette de 50% des emplois américains, à court terme. Aujourd’hui, la réalité est bien plus nuancée. Certes, certains emplois tendent à disparaître, mais le processus est beaucoup plus lent que prévu. Pour le moment, l’IA permet surtout de gagner du temps et elle facilite la prise de décision, mais la présence humaine est nécessaire pour valider les analyses et trancher (c’est le cas des avocats par exemple, même si on parle déjà de jurys virtuels).
D’ailleurs, selon une récente étude Gartner, intitulée « Predicts 2018: AI and the future of work », l’IA devrait finalement avoir un impact positif. Elle créera ainsi 2,3 millions d’emplois en 2020, pour en détruire parallèlement 1,8 million. Les postes les plus rapidement automatisables – via le machine-learning – sont les plus menacés (chauffeurs de bus, ouvriers non qualifiés du BTP, etc). Mais les métiers dits « physiques » ne sont pas les seuls concernés.
En effet, grâce aux progrès réalisés en matière de deep-learning, les machines peuvent aujourd’hui procéder à d’impressionnants calculs et réaliser certaines tâches cognitives (analyse de CV, traduction, résolution de problèmes complexes…), en simulant l’activité neuronale. Conséquence : des professions telles que comptables, juristes ou conseillers clientèle, sont également sur le déclin.
En revanche, l’IA devrait générer des métiers à forte valeur ajoutée (superviseurs et gestionnaires d’équipes, notamment pour tirer profit des machines). D’après le cabinet Accenture, elle pourrait augmenter de 10 % en moyenne, les effectifs des entreprises qui auront investi dans la technologie. En outre, l’IA permettra aux professionnels et aux salariés de gagner en productivité. Et elle sera garante d’un meilleur niveau de vie, avec une augmentation des salaires, davantage de temps de loisir et des prix moins élevés.
Un vrai risque : l’exclusion numérique
Alors oui, il faut s’attendre à une profonde mutation de notre rapport au travail, mais l’IA va offrir de nouvelles possibilités, ouvrir de nouveaux débouchés. Fantastique facteur de croissance économique, elle générera un chiffre d’affaires de 2 900 milliards de dollars en 2021. L’IA va se développer massivement dans les secteurs de la santé, boostée par le vieillissement de la population (pour la prédiction des maladies et la génétique), du transport (avec les voitures autonomes), de l’aérospatial (robots envoyés sur des exoplanètes) de la banque et du marketing.
Si les bonnes mesures sont prises, notamment par les managers et les écoles, le marché de l’emploi peut donc évoluer favorablement, contrairement aux idées reçues. D’autant que dans les prochaines années, les robots auront surtout pour vocation à épauler l’humain (lors d’opérations chirurgicales, pour l’exploration de milieux hostiles, etc). Au-delà de l’automatisation des process, la société se dirige vers une forme inédite de collaboration homme-machine – l’intelligence augmentée.
Loin d’une IA hors de contrôle, celle-ci suppose de nouveaux métiers, de nouvelles filières et de nouvelles industries, mais aussi de nouvelles problématiques (vol ou pertes de données, question de la confidentialité, etc). A cela s’ajoute un risque, et pas des moindre, celui de l’exclusion numérique.
De l’Internet des objets au big data, en passant pas la géolocalisation ou même la réalité virtuelle, l’IA fait en effet appel à de nombreuses innovations, dont la compréhension et l’utilisation sera une condition sine qua non pour évoluer professionnellement.
Au-delà des infrastructures, les pouvoirs publiques ont à charge d’encadrer l’IA et d’assurer la formation. Le gouvernement a ainsi initié un plan ambitieux d’1,5 milliards d’euros pour le développement de l’IA en France. Une première étape. Reste aux entreprises et aux individus à s’accaparer la technologie et ses applications, sans en avoir peur, pour inventer la société de demain.