La récente flambée du bitcoin a défrayé la chronique et mis la blockchain sur le devant de la scène. Dans les médias, cryptomonnaies et blockchain sont inévitablement liées, pourtant la technologie derrière la blockchain pourrait servir à de nombreuses autres applications. Dans ce troisième article consacré à la blockchain, DataXcentric passe en revue, de façon non exhaustive, différents usages de la chaîne de blocs.
Le potentiel de la blockchain
Le caractère décentralisé de la blockchain, couplé avec sa sécurité et sa transparence, promet des applications bien plus larges que le simple domaine monétaire. On peut classer l’utilisation de la blockchain en trois catégories principales :
– Les applications pour le transfert d’actifs (utilisation monétaire, mais pas uniquement : titres, votes, actions, obligations…)
– Les applications de la blockchain en tant que registre : elle assure ainsi une meilleure traçabilité des produits et des actifs (droit d’auteur, propriété intellectuelle).
– Les smart contracts : il s’agit de programmes autonomes qui exécutent automatiquement les conditions et termes d’un contrat, sans nécessiter d’intervention humaine une fois démarrés.
Les champs d’exploitation sont immenses : banques, assurance, immobilier, santé, énergie, transports, vote en ligne. De façon générale, des blockchains pourraient remplacer la plupart des « tiers de confiance » centralisés (métiers de banques, notaires, cadastre…) par des systèmes informatiques distribués. Bien évidemment, ces promesses ne sont pas exemptes de défis et de limites, qu’elles soient économiques, juridiques, de gouvernance, ou encore écologiques.
La blockchain devient même un sujet d’étude à part entière, à tel point que plusieurs formations/cursus blockchain/cryptomonnaie ont vu le jour dans différents pays (France, USA, Angleterre, Allemagne…).
Diversification des usages de la blockchain
Spotify va utiliser la blockchain pour gérer les droits d’auteurs. L’objectif de ce rachat est d’utiliser la blockchain Ethereum pour lier les artistes et leurs œuvres musicales afin que la paternité ne puisse pas être remise en question et que l’auteur puisse toucher ses revenus.
Arcade city, connu comme le “Uber-killer” futur. Le projet consiste en une plateforme de service de covoiturage décentralisé. Conducteurs et passagers peuvent être mis en relation, sans intermédiaire. L’idée est de contrer la centralisation des prix fixés par Uber et les lourdes commissions prélevées sur chaque trajet.
Seezart a pour ambition de révolutionner le marché vieillissant de l’art. La startup souhaite proposer une traçabilité, une certification et une sécurité sans faille basées sur la technologie Blockchain pour l’un des derniers marchés non régulés, qui souffre fortement de la fraude.
BitCoen, cette cryptomonnaie a été conçue pour faciliter les échanges monétaires entre les communautés juives à travers le monde (et notamment pendant le chabbat).
Groupe Média TFO, ce diffuseur de contenu culturel et éducatif canadien veut développer un prototype de blockchain qui permet par exemple d’ancrer de manière inviolable les différents crédits d’une œuvre dans un fichier numérique, et qui rendrait possible la rémunération directe des créateurs à chaque achat grâce à des micropaiements.
ETHLend est une application décentralisée basée sur la blockchain de l’Ethereum permettant d’effectuer des prêts entre particuliers de façon sécurisée et transparente.
D’autres pistes en vrac : la startup Provenance vise à résoudre les problèmes de traçabilité des produits (alimentaires, industriels…), de façon à pouvoir présenter de façon fiable aux clients les informations relatives à leur fabrication (où ils ont été conçus, par qui…). Transactive Grid veut permettre à chacun de vendre et d’acheter des crédits d’énergie à son voisin.
Au Costa Rica, un programme pilote tente de réaliser un cadastre sur une blockchain, tandis que de multiples initiatives testent actuellement des concepts d’enregistrement de l’identité basés sur cette même technologie – notamment pour les réfugiés. Une entreprise sud-africaine a lancé l’idée d’un système grâce auquel les compteurs électriques des écoles pourraient être rechargés par des bienfaiteurs du monde entier en utilisant Bitcoin. Enfin en France, le projet WeKeep travaille sur la création d’assurance sans tiers.
Institution étatique
Le gouvernement français a récemment pris une ordonnance autorisant à utiliser un dispositif d’enregistrement partagé, comme la blockchain, pour la représentation et le transfert de propriété de certains titres financiers. Celle-ci entrera en vigueur le 1er juillet 2018 dernier délai et fera de la France, le premier pays de l’UE « à définir un régime juridique » à la blockchain, selon Bruno Le Maire.
Le gouvernement chinois a annoncé qu’il utilisera la technologie blockchain pour la collecte d’impôts et la délivrance de factures électroniques, tandis que la Banque centrale d’Ukraine envisage de donner un statut légal au bitcoin, la monnaie numérique la plus populaire au monde. D’autre part, la bourse suisse collabore avec le Nasdaq en utilisant la technologie blockchain pour faciliter les échanges de gré à gré.
Dans l’IT aussi, la blockchain suscite un grand intérêt
Avec Enterprise Smart Contracts, Microsoft voudrait rendre son Blockchain as a Service plus utile pour les entreprises. En novembre 2015, Microsoft avait annoncé la disponibilité d’Ethereum Blockchain as a Service (EBaaS) sur Microsoft Azure afin que « Les entreprises clients et les développeurs puissent disposer d’un environnement de développement blockchain basé sur le cloud en un simple clic. ».
Avec le framework Coco, Microsoft promet aussi d’optimiser les performances, la sécurité et la flexibilité des blockchains privées exploitées en entreprise. Coco permet la constitution d’un réseau dont tous les nœuds, clairement identifiés, se font, par défaut, pleinement confiance, chacun étant capable de valider le code qu’il exécute. Une telle approche permet d’éliminer des mécanismes de consensus tels que le proof-of-work (énergivore) et le proof-of-stake (potentiellement discriminatoire).
IBM Blockchain, un service commercial destiné à donner aux entreprises la possibilité de construire leurs propres réseaux de blockchain évolutifs et sécurisés. Ce nouveau service est basé sur Hyperledger Fabric version 1.0 de la fondation Linux.
Initiative groupée et consortium
R3 a fondé un consortium avec plus de 80 institutions financières internationales (Barclays, Crédit Suisse, Goldman Sachs, JP Morgan, UBS, Natixis, BNP Paribas…) pour développer les questions autour des blockchains.
Enterprise Ethereum Alliance : alliance entre une trentaine de géants IT et bancaires (parmi lesquels Microsoft, Cisco, JP Morgan…) qui vise à l’élaboration de standards pour le protocole blockchain Ethereum que les entreprises peuvent utiliser pour créer des contrats financiers “intelligents” qui permettent de suivre leur application.
B3i : ce groupe de travail a été lancé en octobre 2016 par Aegon, Allianz, Munich Re, Swiss Re et Zurich Insurance avec comme but de viser à développer des usages autour de la blockchain, la technologie du bitcoin. Une dizaine de grands assureurs les ont rejoints.
LaBChain : consortium constitué par la Caisse des Dépôts et Consignations avec 11 partenaires (AXA, CNP Assurances, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et des sociétés spécialisées dans la blockchain). Il vise à cerner les usages concrets, le potentiel et les risques de la technologie blockchain, puis contribuer à la mise en place d’un cadre réglementaire favorable à son déploiement dans les systèmes financiers.
Digital Trade Chain L’alliance regroupe sept banques européennes (Deutsche Bank, HSBC, KBC, Rabobank, Société Générale, Natixis et Unicredit) autour d’IBM, qui fournit la solution technologique.
La blockchain est désormais incontournable. Que ce soit des grands groupes financiers ou du secteur de l’assurance, des multinationales de l’IT, des gouvernements et bien évidemment des start-ups, le potentiel de la chaîne de blocs jouit d’un grand pouvoir d’attraction qui laisse présager de nouveaux usages insoupçonnés dans un avenir très proche. On a hâte de voir si son potentiel sera à la hauteur des espoirs. Et vous, penchez-vous plutôt pour un effet de mode ou pour une véritable révolution des échanges ?
Si vous souhaitez (re)découvrir les notions essentielles de la blockchain, n’hésitez pas à consulter notre article à ce sujet.